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La vie à la montagne ressemble à l’itinérance d’un voyage.

Les saisons s’y succèdent. Toutes différentes, mais si semblables.

Une valse des mois pour me présenter à vous.

Le printemps et sa neige qui grossit les cascades.

La marmotte pointe son nez, les crocus percent le tapis blanc.

Pour moi, il est l’heure de ressortir scie et rabot.

Les beaux jours sont propices aux travaux de mon chalet

Je délaisse mon bureau, retrouve mon établi.

 

L’été arrive.

Mes deux gros cerisiers procurent de l’ombre. Leurs fruits seront pour les oiseaux.

À mille mètres d’altitude, les cerises ne se bousculent pas.

Bientôt des prunes en attendant les pommes.

Le jardin, le verger, la récolte des baies et myrtilles.

L’eau qui coule au bassin. Les sonnailles des vaches qui bercent mes nuits.

L’été est beau à la montagne.

Les pics se reflètent à la surface des lacs, les fleurs des pâturages jalonnent les sentiers caillouteux.

Un orage frappe et rafraîchit la touffeur.

Moi, je flâne sur les crêtes, pédale sur des sentes, médite au bord des torrents.

Je maçonne des pierres, ponce des poutres, visse, scie, mets les mains dans la terre.

Il me reste la nuit pour écrire à la lueur des étoiles.

 

L’automne et ses jours qui rétrécissent.

Le soleil passe derrière la montagne, on perd une heure de lumière et de chaleur d’un seul coup.

On boit le cidre, range à la cave les pommes de terre tout juste sorties du champ tout en pente.

Dans les bois, on récolte des champignons. Les tapis de feuilles embaument d’humus le refuge des renards, chevreuils et peut-être aussi, la tanière du loup.

Une flambée de temps en temps pour se réchauffer le cœur et le corps. Le feu crépite dans le four à pain, une tarte y cuit lentement. La bise apporte avec elle les premières giboulées et l’odeur du vin chaud.

Pour moi sonne l’heure du rangement. Raccrocher au clou le râteau et la pioche. Je laisse les petits outils pour les petites tâches. Désormais, plus souvent assis à mon bureau, les idées surgissent et pendant que dehors jaunissent les feuilles, à l’intérieur les miennes se noircissent d’encre.

 

L’hiver : comme les mômes, ma saison préférée.

Les sapins ploient sous le blanc manteau. Sur le toit du chalet, on distingue tout juste le faîte de la cheminée qui fume comme un thé parfumé à la sève.

Le seul outil qui m’est utile est appuyé contre le mur de pierre, près de la large porte d’entrée en bois. Ma pelle à neige. Avec elle, je trace des labyrinthes pour me rendre au bûcher, je déblaye le chemin d’accès, libère ma voiture. Pour cette dernière, j’ai mis dans le coffre l’arsenal de l’hiver : un grattoir pour la glace, une lampe de poche pour la nuit, des gants pour le froid et le plus important, des chaînes à neige pour ne pas rester pris.

Le jour décline vite, et il est bon de se blottir près du fourneau. Le feu crépite, réchauffe et procure cette douce chaleur du foyer. Cette agréable sensation de se sentir comme l’oisillon tapi dans son nid.

Au petit matin, les skis toujours à portée de main, pour profiter de la poudreuse, pour partir « faire la trace » dans des pentes vierges.

C'est la période de l’année où j’écris le plus. Des idées, des ébauches, des projets qui ne verront jamais le jour.

 

 

Et puis, de temps en temps, je m'en vais en voyage. Pour un ou quatre mois, voire un an. L’appel de la route. Et là encore, je remplis des carnets. Des notes qui finiront empilées sur ma table de travail, près des livres de Moitessier, London, Bouvier et Kerouac. Elles me seront précieuses, lorsque l’hiver prochain je me replongerai dedans pour rédiger de nouveaux chapitres.

Portrait 19/20 FRANCE 3

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Entrevue FRANCE INFO

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