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Québec, une histoire de lacs et de rivières

Le temps. Que la petite aiguille des heures file vite sur le cadran du voyage. La route absorbe chaque seconde de notre existence et il est difficile de s'octroyer un instant pour diluer sur la toile nos tranches de vie. Du petit matin aux premières lueurs de l'étoile du berger , nous vibrons au son de l'asphalte, partageons des anecdotes avec des inconnus que nous quittons en ami . Notre abri de toile monté sur une belle pelouse rase ou dans la clairière d'un bois touffu ; près d'une église à la manière des vagabonds ou au bord d'une rivière à saumons tels des robinsons. Voici donc deux mois maintenant que nous sillonnons les routes du Canada. Plus particulièrement celles de la province du Québec, que nous venons de quitter pour celles de l'Ontario.

De Montréal à Rimouski, en passant par Québec où avec nos bicyclettes hors normes, nous avons bloqué la voie cyclable du grand pont d'acier. Des travaux au milieu de l'ouvrage, un échafaudage, deux centimètres de trop. Vingt minutes pour démonter la structure des panneaux solaires, se concentrer pour ne rien perdre dans le bouillon, plusieurs dizaines de mètres plus bas. Faire patienter les impatients, porter des bicyclettes à bout de bras pour que tous puissent passer d'une rive à l'autre. Ce fameux pont où se côtoient voitures , bicyclettes et trains, perché au-dessus du St Laurent, ce fleuve qui fut notre fil d’Ariane. Le Saint Laurent grignote les terres pour se laisser avaler par l'Atlantique. Les baleines viennent même s'y baigner. Un fleuve qui, d'eau douce aux rives soudées par le tablier d'un pont, prend ses aises en salant sa flotte et éloigne ses berges pour en faire des côtes. De fleuve, il revêt le costume de mer. Rimouski. Là, nous abandonnons l'idée de poursuivre vers la Gaspésie. Là-bas, le thermomètre descend à un degré le matin en ce moment, nous dit-on. Marre du froid, nous supportons les 7 degrés ambiants dans notre tente au réveil, mais pas envie de nous faire mordre par le froid. Nous virons au nord pour le lac St Jean. Ce sera un regret et une déception.

Si la route par Tadoussac et les rives de la rivière Sainte Marguerite nous ont offert de bien belles journées, le tour du lac, pourtant si populaire, nous a laissé perplexes. Cependant, ce choix d'itinéraire nous a plongés dans un autre Québec, plus rustique, plus fidèle à l'image que l'on se fait outre-Atlantique du Canada. Un monde sauvage, de pick-up et de visages tannés. Des villas cossues au carré de pelouse impeccable, nous sommes passés à des baraques bousculées par les éléments. Tôles et contreplaqués, bicoques parsemées autour d'une église donnant sur un poste à essence, dépanneur en produits de base clairsemés sur des rayons mal achalandés et articles de pêche. Dans chaque cour, une motoneige attend l'hiver sous une bâche balayée par le vent, une longue barrière de rondins secs empilés, un quad maculé de boue, un amas hétéroclite de ferraille qui servira un jour à réparer un truc et le fameux pick-up GMC aux robustes essieux. J'aime cette ambiance. Et puis des kilomètres de bonheur, des distances qui se comptent en dizaines d'heures de bicyclette sans trace d'habitation. La rivière, la route, la forêt.

Du lac St Jean, le point le plus au nord de notre virée québécoise, il faut dire que plus haut sur la carte, le trait rouge qui matérialise la route s'est brutalement effacé pour laisser place à une large étendue blanche zébrée de fils bleus, la 155 nous projette sur 355 km dans l'univers des bûcherons et des ours. Une route à la réputation sinistre. Monotone, dangereuse par son manque d'accotement et sa circulation dense de camions. Pourtant, une route, une vraie, bourrue, sans état d'âme. Des camions, oui, des trucks chargés à ras la gueule de billes de bois qui filent sans freiner, poussent les automobilistes trop lents et font vibrer le macadam ; sans accotement, vrai, mais en France n'est-ce pas pareil ? Suffit d'avoir l'œil dans le rétro aussi réactif que celui qui fixe la ligne jaune médiane ; monotone ? Tout dépend de sa perception, 350 bornes de forêt peut créer un soupçon d'appréhension, de monotonie passagère. Pourtant, il est grisant de s'abandonner au caractère rustique et « sauvage » de cette route et de 500 mètres avant de la quitter, se faire arrêter par la police, main sur le flingue, et finir fiché parce que le « shérif » de 25 balais, zélé et apparemment embarrassé de ne pouvoir nous verbaliser et saisir nos bicyclettes par manque de place dans son véhicule, a décrété que nous étions dangereux pour les usagers de la route. Nom, prénom, date de naissance…

J’écris rapidement sur une tablette sans trop relire, il se peut donc qu'il manque des mots, des accents ou que des coquilles se glissent dans les textes.

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